Harry Potter à Édimbourg : les lieux mythiques… qui ne l’ont jamais inspirée

Depuis des années, Édimbourg est considérée comme une ville emblématique pour les fans de Harry Potter. Des lieux tels que Victoria Street, le cimetière de Greyfriars Kirkyard et le café The Elephant House sont souvent présentés comme des sources d’inspiration directe pour J.K. Rowling. Cependant, l’auteure elle-même a clarifié à plusieurs reprises que ces associations sont largement exagérées. Cet article vise à démystifier ces croyances en s’appuyant sur les déclarations de Rowling et des sources fiables.

Genèse de Harry Potter : une chronologie essentielle

Avant de commencer cet article, je tiens à clarifier une chose importante : l’univers de Harry Potter a été conçu bien avant l’arrivée de J.K. Rowling à Édimbourg.

Tout commence en 1990, alors que Rowling vit à Manchester. C’est pendant un trajet en train entre Manchester et Londres que l’idée d’un jeune sorcier nommé Harry lui vient à l’esprit. Elle imagine rapidement les grandes lignes de l’histoire, les personnages, l’ambiance de Poudlard, le sport du Quidditch, les maisons, le Chemin de Traverse… Beaucoup de ces éléments sont notés dans des carnets qu’elle commence à remplir dès cette époque aujourd’hui surnommés les carnets de J.K. Rowling.

Peu après, elle part vivre à Porto, au Portugal, où elle enseigne l’anglais. Elle continue à développer son histoire et commence réellement l’écriture de « Harry Potter à l’école des sorciers » là-bas. Après un divorce, sans ressources, elle décide de s’installer chez sa sœur à Édimbourg, en 1993.

👉 Il s’est donc écoulé trois ans entre l’idée initiale et son arrivée à Édimbourg.

Cela signifie que l’univers, les personnages, la structure de l’école, le fonctionnement du monde magique tout cela existait déjà en grande partie. L’idée selon laquelle elle aurait été inspirée à cause d’Édimbourg est un mythe : Rowling n’a pas eu besoin d’attendre de découvrir la ville pour imaginer son univers.

Lieux qui n’ont pas inspiré J.K. Rowling

Voici une liste de lieux qui n’ont pas inspiré J.K. Rowling, mais où le tourisme continue d’entretenir le folklore autour de Harry Potter.

Victoria Street n’est pas le Chemin de Traverse.

L’autrice à succès J.K. Rowling a démenti le mythe tenace selon lequel certains lieux de la saga Harry Potter seraient inspirés de lieux réels à Édimbourg.

L »imagination de certain fans et les agence de tourisme on longtemps fait courir l’information que le “Chemin de Traverse”, dans le monde magique inventé par Rowling, s’inspirait de Victoria Street, dans la capitale écossaise.

Avec ses pavés, ses boutiques, il n’est pas étonnant que des centaines des visiteurs s’y rendent, espérant retrouver la ruelle où le jeune sorcier achetait ses fournitures scolaires avant la rentrée.

Cependant, Rowling a réfuté ce mythe sur Twitter en déclarant :

« Aucune vraie rue n’a inspiré le Chemin de Traverse, désolée. C’est sorti tout droit de ma tête ! »

« Je n’ai jamais vu 99 % des endroits qui prétendent m’avoir inspirée, et je n’avais jamais vu Victoria Street quand j’ai créé le Chemin de Traverse (je l’ai vue depuis, évidemment, puisqu’elle est à Édimbourg, où je vis). »

— J.K. Rowling, Twitter, 9 juillet 2022

On peu étalement cité cette phrase

« Le Chemin de Traverse et la boutique d’Ollivander me sont venus tout de suite, au début de l’écriture. »

— J.K. Rowling, 20 octobre 1999 sur WAMU Radio à Washington

Comme on l’a vu au début de l’article, le début de l’écriture se situe entre 1990 et 1991, bien avant sa découverte d’Édimbourg. Et des rues qui ressemblent bien plus au Chemin de Traverse, il y en a partout en Angleterre, où elle vivait. Je pense par exemple à Shambles Street à York (mais ça aussi, elle l’a réfuté). Je crois qu’il faut simplement accepter que cette rue ne s’inspire d’aucun lieu réel.

Le noms des personnages inspiré du cimetière de Greyfriars a Édimbourg dans Harry Potter

Le cimetière de Greyfriars est célèbre pour ses tombes portant des noms semblables à ceux de personnages de Harry Potter, comme Thomas Riddell ou William McGonagall. Cependant, Rowling a précisé qu’elle n’avait pas connaissance de ces tombes lors de la création de ses personnages.

Sur X (Twitter) un de ces 14 millions d’adeptes lui a demandé si il y avait une quelconque vérité dans la rumeur sur le cimetière d’Édimbourg.

«Non, désolée. Mais je vois bien de quel cimetière tu parles, car sans que je le sache, un de mes enfants ne savait pas quoi faire un après-midi et a rejoint une de ces visites Harry Potter avec son meilleur ami, pour rigoler.
Ils sont revenus avec une tonne d’informations que j’ignorais complètement moi même. »

— J.K. Rowling, Twitter, 9 juillet 2022

Pour un des exemple les plus parlant, J.K. Rowling a confirmé qu’elle connaissait William McGonagall, poète écossais célèbre pour la mauvaise qualité de ses vers, et qu’elle a délibérément utilisé son nom pour le personnage de Minerva McGonagall, en clin d’œil ironique.

Voici un extrait de ce qu’on peut lire (traduction depuis Pottermore) :

« Le nom McGonagall est un hommage ironique à William McGonagall, largement reconnu comme le pire poète de l’histoire britannique. Je trouvais amusant qu’un professeur si strict et compétent descende d’un personnage aussi calamiteux. »

Elle a probablement choisi le nom McGonagall avant même de découvrir qu’il figurait sur une pierre tombale d’Édimbourg. Ce serait donc une coïncidence, le nom, lui, vient bien du poète, pas du cimetière.

On pourrait aussi s’attarder sur la coïncidence la plus troublante, que de nombreux fans prennent le temps d’aller voir lors de leur visite à Édimbourg : le nom inscrit sur la tombe de Thomas Riddell.

Cependant, J.K. Rowling a expliqué avoir conçu le nom complet Tom Marvolo Riddle de façon à pouvoir le réarranger en une anagramme : « I am Lord Voldemort » (« Je suis Lord Voldemort »). Elle a choisi le prénom Tom pour sa banalité, afin de renforcer le contraste avec le nom menaçant de Voldemort. Le nom Marvolo a été inventé pour compléter l’anagramme, et Riddle (qui signifie « énigme » en anglais) reflète la nature mystérieuse du personnage.

« Les noms sont vraiment cruciaux pour moi. Certains de mes personnages ont eu 8 ou 9 noms avant que je trouve le bon. Et pour une raison quelconque, je ne peux pas avancer tant que je ne sais pas que je les ai appelés correctement. C’est très fondamental pour moi. »

Cette citation souligne l’importance que Rowling accorde aux noms de ses personnages, suggérant qu’elle avait planifié l’anagramme dès le début, sans doute avant sont arrivé a Édimbourg.

On peut aussi voir sur The Rowling Library la frise chronologique de la vie de J.K. Rowling et la lire :

Décembre 1993, Rowling s’installe chez sa sœur, à Édimbourg (Écosse), avec sa fille et trois chapitres de Harry Potter.

On peut raisonnablement penser que le nom Tom Riddle avait déjà été choisi par Rowling avant son arrivée à Édimbourg. Il était nécessaire pour créer l’anagramme “I am Lord Voldemort” dans le premier chapitre, même si le nom n’apparaît qu’à partir du deuxième tome.

☕ The Elephant House : un lieu d’écriture, mais pas le berceau de Harry Potter

Le café The Elephant House se présente comme le « lieu de naissance de Harry Potter ». Rowling a reconnu y avoir écrit, mais a précisé que l’idée originale de la saga est née bien avant et que le café utilise surtout l’univers de Harry Potter pour sa notoriété.

« J’avais déjà écrit Potter pendant plusieurs années avant de mettre les pieds dans ce café, donc ce n’est pas le lieu de naissance, mais j’y ai écrit, alors on va les laisser tranquilles ! »

— J.K. Rowling, Twitter, 21 mai 2020

Rowling a ensuite partagé une photo d’e l’’un appartement à Clapham où elle a commencé à écrire.

« C’est le véritable lieu de naissance de Harry Potter »

« Si on définit “lieu de naissance” comme l’endroit où j’ai posé mon stylo sur le papier pour la première fois. »

« Je louais une chambre dans un appartement au-dessus de ce qui était à l’époque un magasin de sport. Les premières pierres de Poudlard ont été posées dans un appartement à Clapham Junction. »

Rowling a ajouté :

« [Mais] si on définit le lieu de naissance de Harry Potter comme le moment où j’ai eu l’idée de départ, alors c’était dans un train entre Manchester et Londres. »

À noter que The Elephant House n’était ni le café qu’elle a le plus fréquenté, ni son préféré. C’était simplement l’un des nombreux endroits où elle a écrit. Elle allait aussi, par exemple, au Nicolson’s Café, aujourd’hui fermé, et au Traverse Theatre Café.

Des années plus tard, quand la pièce Harry Potter and the Cursed Child a été mise en scène pour la première fois, elle a reconnu le metteur en scène, John Tiffany, comme l’un des habitués qu’elle croisait souvent au café du Traverse Théâtre dans les années 90, sans savoir à l’époque qu’il dirigerait un jour une pièce tirée de son univers.

Le château d’Édimbourg ou l’école George Heriot’s auraient inspiré Poudlard ?

Encore une fois, on est ici dans le registre du folklore touristique. On a déjà vu que l’univers de Poudlard était en grande partie imaginé avant que J.K. Rowling ne découvre Édimbourg. Quant à George Heriot’s School, l’idée qu’elle aurait inspiré Poudlard repose surtout sur le fait qu’elle fonctionne, comme Poudlard, avec un système de quatre “maisons”. Les élèves y gagnent des points pour leurs réussites scolaires, sportives, leur comportement, etc., et une maison remporte une coupe à la fin de l’année. Mais en réalité, ce système est courant dans les écoles britanniques, il ne vient pas spécifiquement de celle-ci.

« L’école de sorcellerie Poudlard a été la première chose sur laquelle je me suis concentrée. Je pensais à un endroit d’un grand ordre mais d’un immense danger, avec des enfants qui avaient des compétences avec lesquelles ils pouvaient submerger leurs professeurs. Logiquement, cela devait être situé dans un endroit isolé et assez rapidement j’ai choisi l’Écosse, dans mon esprit. Je pense que c’était un hommage subconscient à l’endroit où mes parents s’étaient mariés. Les gens continuent de dire qu’ils savent sur quoi j’ai basé Poudlard – mais ils ont tous tort. Je n’ai jamais vu de château nulle part qui ressemble à la façon dont j’imagine Poudlard. »

— J.K. Rowling publiée dans The Scotsman en novembre 2002.

George Heriot’s School par Exploria Voyages

Museum Context : une boutique magique, mais pas une vraie source d’inspiration

La boutique Museum Context, située sur Victoria Street à Édimbourg, attire tous les jours des fans de Harry Potter. Avec sa devanture soignée, ses objets de collection et sa plaque bleue évoquant Ollivander, elle cultive un lien supposé avec la saga… On peut y lire :

Fondé en 1873,
le magasin de brosses de Robert Cresser
a occupé le numéro 40 pendant 131 ans.
Les fans de Harry Potter pensent que cette rue magique a donné à
J.K. Rowling
l’inspiration pour le Chemin de Traverse.
Avec ses installations victoriennes d’origine, remplies de boîtes poussiéreuses et de balais —
cette petite boutique aurait-elle inspiré Ollivander ?


Contrairement à ce que laisse entendre la plaque, il est très peu probable que cette boutique ait réellement inspiré J.K. Rowling. Comme on l’a vu plus haut, elle avait déjà écrit les trois premiers chapitres de Harry Potter avant même de s’installer à Édimbourg. L’autrice a d’ailleurs précisé que la plupart des lieux de son univers viennent de son imagination, et non de repérages dans la ville. La formule “les fans pensent que…” entretient une ambiguïté marketing qui permet à la boutique de surfer sur l’univers de la saga, sans jamais rien affirmer de façon directe.

Cela dit, ça n’enlève rien au charme du lieu : c’est sans doute la plus belle boutique d’Édimbourg sur le thème, et si vous êtes fan de Harry Potter, elle vaut clairement le détour.

La seul inspiration bien réelle

Si la plupart des lieux de l’univers de Harry Potter sont imaginaires, Rowling a confirmé que le 4, Privet Drive s’inspire de la maison de son enfance :

« Le seul lieu réel dans les livres est la maison de Harry à Privet Drive, qui est basée sur la deuxième maison dans laquelle j’ai vécu enfant. »

— J.K. Rowling, Twitter, 9 juillet 2022

Cette maison comprenait notamment un placard sous l’escalier, similaire à celui où Harry dort dans les premiers chapitres.

🧳 Conclusion

Bien qu’Édimbourg soit une ville chère à J.K. Rowling et qu’elle y ait écrit une partie de la saga, les liens directs entre la ville et l’univers de Harry Potter sont moins nombreux qu’on pourrait le croire. La plupart des lieux et des noms sont issus de l’imagination de l’auteure, et non inspirés de lieux réels. Pour les fans, cela n’enlève rien à la magie de visiter Édimbourg, mais il est important de distinguer les faits des mythes.

Mais alors, que peut-on réellement voir à Édimbourg qui ait un vrai lien avec J.K. Rowling et l’univers de Harry Potter ?

Entre les lieux où elle a écrit, ceux qu’elle a fréquentés, et les traces qu’elle a laissées dans la ville, il existe bien quelques points d’ancrage concrets… à condition de savoir où chercher.

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